Donner à observer – et à vivre – une musique qui agit à la manière d’un organisme vivant, matière dont la structure fonctionnelle évoluerait suivant des phénomènes d’ordre quasi biologique, naturel : tel est le propos, littéralement palpitant, de ce concert de l’ensemble Sturm und Klang.
KAREL GOEYVAERTS - Das Haar
MORTON FELDMAN - The viola in my Life 2
DAVID LANG - Spud
JEAN-LUC FAFCHAMPS - Lettre soufie Y(à)
LUC BREWAEYS - Cardhu
SARAH WERY - Occupations (création)
Une musique agissant à la manière d’un organisme vivant : c’est l’objet de ce concert auquel la pièce Spud (‘patate’) de David Lang (1986) – une description musicale de ce tubercule, qui permet d’observer différentes voix musicales en voie de décomposition – pourrait tenir lieu de programme. L’opéra Aquarius, auquel Karel Goeyvaerts voua les dix dernières années de sa vie, a joué le rôle d’un organisme accouchant d’une galaxie de partitions satellites. Datant de cette période, Das Haar (1990) est une pièce fragile, qui paraît battre comme un cœur. Fragile est également The Viola in my Life de Morton Feldman (1970) : c’est ici, a écrit Paul Griffiths, comme si « une grande partie de la musique avait été effacée, dont on n’entendrait plus que les restes. » Au sujet de ses Lettres Soufies, Jean-Luc Fafchamps a déclaré quant à lui : « Il n’y a pas de “matériau” propre à chaque pièce : tout est susceptible d’y apparaître, d’émerger naturellement du jeu de la transformation qui s’opère… » Les alliages de timbres très ‘postspectraux’ de Cardhu, de Luc Brewaeys (2008), sixième pièce de la série Single Malt Whisky, achèvent de plonger l’auditeur dans un état d’ivresse sonore.
